La lithographie est une technique d'impression à plat sur pierre calcaire dont le principe chimique est la répulsion du gras par l'eau et inversement.
Inventée en 1797 par l'autrichien Aloys Senefelder, elle révèle rapidement son principal avantage dans le domaine de l'image imprimée: ses outils, l'encre et le crayon lithographiques permettent à l'artiste de préserver la spontanéité de son geste lorsqu'il trace son dessin sur la pierre.
A travers mon travail, je questionne la lithographie telle qu’elle peut se pratiquer aujourd’hui c'est-à-dire libérée de sa fonction première, la reproduction. Tirant parti de ses contraintes, je cherche à mettre en évidence les spécificités d’une telle technique d’impression tout en pointant ses possibles connections avec d’autres domaines artistiques.
Chacune de mes recherches en lithographie se construit autour d’un thème de réflexion qui nécessite bien souvent une investigation théorique. Le choix d’un thème dépend essentiellement de son pouvoir évocateur et de ses multiples voies d’accès. Explorés indépendamment les uns des autres, il s’avère pourtant qu’un fil conducteur traverse l’ensemble des thèmes choisis : la rencontre sur le papier, l’exploration du support, la limite, la limite-temps, la mémoire, le secret,… Sans le chercher consciemment, chaque travail ouvre la porte au suivant.
Le procédé?
Quatre grandes étapes composent le processus lithographique:
Le ponçage-grainage
Deux pierres planes sont poncées à la main l'une sur l'autre en alternance à l'aide d'eau, de vinaigre et d'une poudre abrasive (le carborundum par exemple) dans le but d'effacer les dessins précédemment tracés sur les pierres.
La phase de grainage répète les mêmes gestes mais cette fois uniquement avec de l'eau et du carborundum dont l'épaisseur influencera la qualité du grain (plus ou moins fin) obtenu à la surface de la pierre.
Le « dessin »
C'est surtout par tradition que l'on parle de dessin lithographique puisque les ouvertures apportées par les expérimentations d'aujourd'hui prouvent qu'il s'agit bien plus d' « interventions sur la pierre » que de « dessins » à proprement parler.
Ces interventions se font à l'encre ou au crayon lithographiques qui ont pour caractéristique d'être particulièrement gras.
Les trois préparations
Une fois le « dessin » terminé, la pierre va subir trois préparations à base de gomme arabique, d'eau et d'acide nitrique qui visent à fixer le « dessin » gras dans la pierre et à en préserver les « blancs ». A la 2ème et 3ème préparation, la pierre est encrée à l'encre d'imprimerie. C'est à ces étapes que les réelles tonalités du « dessin » se révèlent.
L'impression
Avant d'être passée sous presse, la pierre doit être « ouverte »: l'ancienne encre est complètement enlevée (le « dessin » disparaît sous l'effet de la térébenthine) pour pouvoir recevoir un nouvel encrage renouvelé entre chaque impression.
Durant cette étape, la pierre est régulièrement humidifiée pour éviter que le motif ne « bouche » c'est à dire que l'encrage ne recouvre toutes les zones sèches de la pierre y compris les « blancs ».
La presse lithographique se différencie des presses de gravure en ceci que ce n'est pas un cylindre qui fait pression en passant sur le plateau mais bien un « râteau » de nylon, de cuir ou de métal .
Certaines tendances de la lithographie contemporaine exploitent particulièrement cette étape du processus comme moment de création en soi où une multitude de manipulations du support-papier sont possibles.