Aujourd’hui, vendredi 24 février, visite de l’expo rétrospective de l’artiste danois Per Kirkeby au Bozar accessible jusqu’au 20 mai 2012.
Envie d’écrire sur ce que j’y ai vu tellement j’ai peur de perdre mes premières sensations (même si c’est sans doute déjà le cas)…
Une peinture de la couleur d’abord. Monumentale. Sans famille allais-je écrire mais ce n’est pas exact: au fur et à mesure de la visite, les filiations se dégagent, complètement hétérogènes et hors de son temps. Un joyeux mélange.
Un travail qui dès ses débuts, d’influence pop, est de l’ordre du collage, un collage sans découpe ni colle. Les formes et les couleurs se superposent, se cachent, se perdent dans les strates. Il est question de traces. Plus tard, de sensations rétiniennes comme celles provoquées par la nature peinte des impressionnistes mais poussées à l’extrême jusqu’à faire passer les quelques bribes de figuration totalement au second plan.
Des couleurs que certains qualifieraient d’éteintes côtoient avec audace d’autres quasi fluo. Des jaunes dorés grattés dans certaines zones ont quelque chose des icônes byzantines et des fonds de Klimt à la fois.
L’abondance (celle des surfaces, des couleurs, des couches de peinture) est partout, décontractée. J’y sens le geste ample, presque nerveux, une matière traitée dans tous ses états possibles, tantôt sèche, tantôt liquide, toujours en couches qui cachent ou révèlent…
Beaucoup de choses à capter donc ou à recevoir plutôt: il n’y a pas d’enquête à mener ici mais une grande respiration à prendre devant chaque tableau capable de rappeler à celui qui le regarde combien il est vivant.